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Le noir… la peur… la sueur…

Le bruit d’une respiration… un halètement plutôt, presque un sifflement.

Un mouvement, un frôlement, une odeur dont je n’arrive pas à me souvenir…

Et le cri, se mêlant à un autre, animal, un hennissement peut être ?

Et d’un coup la lumière, aveuglante.

Une silhouette qui s’estompe, de longs cheveux, Ses yeux qui se ferment, son visage qui s’éloigne et qui s’efface de ma mémoire…

Je me réveille à nouveau, comme trop souvent, en sentant sa présence glacée jusque dans mes draps, en entendant ses murmures indéchiffrables jusque dans mes cauchemars. Je la connais depuis si longtemps… mais je ne m’y suis jamais vraiment habitué. Elle est là, en permanence, à la lisière de mes pensées, tapie derrière mes frayeurs. Cessera t’elle un jour de m’escorter ?

D’aussi loin que je me souvienne, elle a toujours été là. Alors que le temps semble effacer les paysages de Qin de ma mémoire, elle reste, immuable, liée à moi et moi à elle. Même le souvenir de ma mère est moins clair dans mon souvenir. Je la revois encore pourtant, digne, alors que son cœur saignait. Elle était là, droite et fière. Et moi je la quittait pour de trop nombreuses années. La reconnaîtrais-je aujourd’hui ? Reconnaîtrais-je père ?

Ce ne sont pourtant pas les années auprès de maître Shan que je regrette.

Non, notre retraite sauvage était propice à la méditation et à la pratique du Jianshu. Les bambouseraies, la cascade… autant de terrain d’entraînement, de défis, de lieux de méditation. Son enseignement si personnel, mélange de mysticisme et de mises à l’épreuve m’appris à dépasser mes propres limites et me permet, je le vois maintenant, de vaincre facilement la majorité de mes adversaires. Quant au Taoïsme, c’est lui qui me permet d’avancer droit dans la vie.

Non, ce n’est pas le temps passé en sa compagnie que je regrette. C’est le temps passé loin de chez moi.

Mmmh… chez moi… je n’y serai sans doute qu’un étranger aujourd’hui.

Autant qu’ici finalement.

Pas que je sois malheureux. L’enseignement de maître Main Gauche est des plus instructifs, et je progresse dans la maîtrise du Jianshu comme jamais auparavant. Mais la nostalgie est toujours là, et ma compagne aussi.

Trouverais-je un jour ma place en ce monde ? Me laissera-t-elle alors ?

En ais-je seulement envie ?

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